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Éléments clés à retenir : réussir l’opérationnalisation des facteurs ESG

Les intervenants du milieu des affaires, notamment les investisseurs, les clients et les employés, exigent de plus en plus souvent que les entreprises joignent le geste à la parole en prenant des mesures concrètes pour respecter leurs engagements environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) et répondre aux attentes du marché. C’est la raison pour laquelle on voit de plus en plus de dirigeants commerciaux se tourner vers l’opérationnalisation des politiques et des procédures ESG de leurs entreprises en intégrant les facteurs ESG dans la conception de leurs produits, le choix des fournisseurs, les pratiques d’embauche, les décisions en matière de rémunération des dirigeants, les critères d’investissement et de prêt et divers autres enjeux opérationnels. Ces dirigeants comprennent à quel point la valorisation de l’ESG et le renforcement de la durabilité nécessitent que les facteurs ESG soient intégrés à l’ADN de l’entreprise. Mais comment?

L’intégration des facteurs ESG peut sembler ardue pour les dirigeants d’entreprise chargés de transformer leurs engagements en résultats tangibles. Cette opération constitue cependant une formidable occasion pour redéfinir la culture d’une entreprise et créer une valeur à long terme en mobilisant les énergies des divers intervenants sur des questions qui concernent leurs valeurs et leurs aspirations. Dans le but de présenter ces défis et ces opportunités aux entreprises, McCarthy Tétrault a organisé le 25 novembre 2021 un séminaire virtuel intitulé Vision stratégique des cadres supérieurs sur l’intégration des facteurs ESG – Viser la réussite.

C’est Robert Richardson, associé du groupe Droit des affaires du bureau de Toronto de McCarthy Tétrault et cochef de l’équipe ESG et durabilité, qui a animé la discussion. Le groupe d’experts invités était composé de trois éminentes chefs d’entreprise :

  • Alanna Boyd, vice-présidente principale et directrice de la durabilité, Sun Life
  • Norie C. Campbell, chef de groupe et chef du contentieux, Groupe Banque TD
  • Mairead Lavery, présidente et chef de la direction, Exportation et développement Canada

Les panélistes ont partagé les conclusions et certains des enseignements tirés des efforts faits pour transformer leur entreprise tant au niveau ESG que de la durabilité. Ce billet de blogue présente certain des éléments clés à retenir de la discussion.

Passer de la parole aux actes en matière de facteurs ESG

  1. Comment une grande entreprise comme la vôtre peut-elle passer de la parole aux actes? Par où doit-elle commencer?

A) Définir l’objectif et les valeurs fondamentales

Reconnaissant qu’il n’existe pas d’approche unique en matière de facteurs ESG, les panélistes ont indiqué que les équipes de leurs entreprises ont dû commencer par réfléchir de façon critique à leur objectif d’entreprise et identifier les valeurs fondamentales de leurs différents intervenants (en particulier les employés). Cet exercice visant à définir et à formuler un objectif d’entreprise issu des valeurs des intervenants peut contribuer à établir et guider les efforts ESG ultérieurs d’une entreprise. En ce qui concerne le panel, l’exercice a contribué à générer l’enthousiasme et l’élan nécessaires pour commencer à intégrer les facteurs ESG dans leurs opérations.

Les mesures en matière de facteurs ESG qui résultent de la formulation des objectifs et des valeurs sont nécessairement uniques à chaque entreprise. Chaque panéliste a toutefois noté que pour joindre le geste à la parole en matière de facteurs ESG, il est essentiel de collaborer avec les intervenants ouvertement et authentiquement, de mener le changement culturel et de soutenir les comportements conformes aux principes des facteurs ESG. Selon elles, la mise en œuvre et le maintien des efforts en matière de facteurs ESG ne sont possibles que si une culture propice à leur réussite a été instituée. À cet égard, la répétition et le renforcement des thèmes clés ont été essentiels à la création de l’élan en faveur d’une (r)évolution ESG-développement durable.

Le panel a observé que la plupart des entreprises bien établies ont vraisemblablement connu des transformations institutionnelles à un certain moment de leur histoire. Il serait judicieux de réfléchir aux réussites et aux connaissances institutionnelles acquises dans le cadre de ces expériences passées et d’en tirer parti afin d’identifier la façon d’apporter les changements requis pour promouvoir les facteurs ESG et la durabilité.

B) Mobiliser les intervenants pertinents

Les panélistes ont souligné l’importance de mobiliser un large éventail d’intervenants dès le début du processus. Elles ont notamment reconnu l’enthousiasme des collègues plus jeunes pour l’action en matière de facteurs ESG, qui peut constituer une excellente ressource sur laquelle s’appuyer pour tenter de faire évoluer les mentalités et la culture de l’entreprise. Clarifier les objectifs et les cibles de l’entreprise, ainsi que les mesures nécessaires pour les atteindre, peut aider à canaliser l’énergie requise pour réussir à tenir compte des facteurs ESG. À l’inverse, les dirigeants qui ne joignent pas le geste à la parole risquent de démotiver leurs collègues plus jeunes, investis par ailleurs dans ces initiatives.

Tenir compte de la réussite opérationnelle dans le contexte ESG

  1. À quoi ressemble la « réussite »? Avez-vous une vision particulière de votre entreprise et de ce à quoi elle ressemblerait après avoir développé une stratégie tenant compte des facteurs ESG?

L’entreprise d’une panéliste a utilisé trois niveaux différents pour mesurer la réussite et établir sa vision de la mise en œuvre des facteurs ESG : mondial, national et interne. À titre d’exemple d’application de ces trois éléments, l’entreprise a établi la mesure des objectifs ESG mondiaux pertinents en fonction d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C. Au niveau national, elle considère la réussite en fonction de la capacité des entreprises canadiennes à effectuer la transition vers une économie à faible émission de carbone. Il est possible d’évaluer la réussite organisationnelle de l’opérationnalisation des facteurs ESG à ces niveaux plus globaux puisque de nombreuses questions liées à l’ESG peuvent dépasser le cadre d’une seule entreprise ou d’un seul État. La réussite peut donc prendre différentes formes en fonction de l’entreprise. Toutefois, quel que soit le niveau, il importe que les objectifs soient en accord avec l’objectif et les valeurs de l’entreprise concernée.

Une panéliste a mentionné que pour son entreprise la vision de la réussite en matière de facteurs ESG se définit par la manière dont les facteurs ESG et le développement durable sont « intégrés » dans la culture et les opérations de cette dernière. Il est important de recourir à des indicateurs de responsabilisation, de transparence et d’évaluation pour vérifier si l’intégration se produit réellement. Il importe également de communiquer les réussites aux intervenants afin de préserver l’enthousiasme et l’appui envers les efforts de l’entreprise.

Une autre panéliste a indiqué que son entreprise évalue la réussite en fonction de certains objectifs de développement durable des Nations unies. L’identification et le ciblage d’un petit nombre d’objectifs mesurables significatifs peuvent permettre à une entreprise de reconnaître les domaines dans lesquels elle connaît un succès réel qui respecte son objectif.

  1. Quels facteurs contribuent à la réussite?

A) Leadership, responsabilisation et conviction

Le panel a exprimé une opinion selon laquelle le leadership, la responsabilisation et la conviction sont trois facteurs fondamentaux qui peuvent conduire à la réussite des efforts d’intégration des facteurs ESG dans une entreprise. Le leadership peut promouvoir un engagement envers les facteurs ESG à l’échelle de l’entreprise. La responsabilisation, quant à elle, permet à une entreprise d’identifier où et comment elle réussit ou échoue dans ses efforts de respect des facteurs ESG. La conviction peut être un puissant facteur de motivation si les intervenants croient que leurs actions en matière de facteurs ESG ont une incidence au sein de l’entreprise et au-delà.

B) Transparence, rapports et établissement de la culture

Les panélistes ont insisté sur l’importance de la gouvernance et des processus dans l’établissement des structures indispensables à la responsabilisation des entreprises en matière de facteurs ESG. La transparence et la publication de rapports sont également essentielles pour garantir que les engagements et les objectifs soient fixés, puis communiqués aux intervenants concernés. Ces facteurs contribuent à la responsabilisation. Les panélistes ont poursuivi en soulignant l’importance pour les entreprises qui ont connu des revers ou des échecs de présenter des rapports intègres même si cela provoque un embarras, car cette mesure permet d’apprendre et d’identifier les domaines à améliorer dans le futur. De même, il est essentiel de créer une culture propice à la réussite des initiatives ESG. Pour certains intervenants, la culture est le fondement des liens avec l’entreprise et représente donc une condition préalable à l’acceptation des mesures d’opérationnalisation des facteurs ESG.

C) Les partenariats peuvent offrir une valeur considérable

Le panel a souligné la valeur des partenariats. La collaboration et la coopération peuvent être nécessaires dans certains cas pour atteindre les objectifs. Par conséquent, il est recommandé aux entreprises d’identifier les domaines où des partenariats pourraient contribuer à la rapidité ou permettre d’élargir la portée requise pour assurer la réussite des principes ESG. Les entreprises devraient également envisager de recourir à d’autres intervenants que ses partenaires financiers lorsqu’elles envisagent des partenariats en lien avec les facteurs ESG. Les organisations de sociétés civiles et les experts techniques peuvent ainsi devenir de puissants alliés pour certaines initiatives.

  1. Dans quelle mesure les conseillers externes ou d’autres consultants externes peuvent-ils contribuer à l’opérationnalisation des facteurs ESG?

Reconnaissant les avantages des partenariats mentionnés plus haut, le panel a estimé que les intervenants externes pouvaient jouer un rôle important dans le soutien des efforts des entreprises cherchant à intégrer les facteurs ESG. Les panélistes ont noté qu’il peut parfois y avoir une tension inhérente entre les efforts en matière de facteurs ESG d’une entreprise centrée sur son objectif et les opinions ou, encore, les niveaux de responsabilisation attendus des intervenants externes. Ces derniers peuvent avoir un rôle à jouer, notamment lorsque de telles tensions surviennent. De plus, le panel a observé que les risques juridiques importants qui existaient dans le domaine ESG représentaient une opportunité en particulier pour les conseillers juridiques en leur permettant d’ajouter une plus-value. Les opinions d’un conseiller avisé peuvent s’avérer inestimables tout au long du développement des initiatives ESG.

Les facteurs ESG, une réalité dans la rémunération des dirigeants

  1. Votre entreprise tient-elle compte des considérations ou des objectifs ESG et de durabilité dans ses décisions concernant la rémunération des dirigeants? Le cas échéant, pouvez-vous décrire de manière générale comment cela fonctionne?

Chaque panéliste a indiqué que son entreprise tenait compte des facteurs ESG et de durabilité dans ses décisions en matière de rémunération des dirigeants. Des liens vers les facteurs ESG ont été établis pour les cadres supérieurs lorsqu’il est possible de communiquer clairement les attentes en matière de facteurs ESG et de les mesurer. Les données et les indicateurs sont essentiels pour ce faire. Les panélistes ont souligné l’importance de l’engagement des dirigeants envers les facteurs ESG puisque cela peut permettre d’entamer une discussion descendante sur les mesures que l’entreprise doit prendre. Selon le panel, lier les facteurs ESG à la rémunération permet également de signaler à l’ensemble de l’entreprise que certains piliers stratégiques ou culturels sont en place, ce qui peut amener les intervenants à réfléchir aux mesures qu’ils peuvent prendre pour s’aligner sur cet effort. Les panélistes ont toutefois reconnu que les mesures quantitatives peuvent constituer un défi en matière de facteurs ESG et que ce domaine gagnerait à être développé à mesure que le mouvement concernant les facteurs ESG progresse.

Relever les défis de l’opérationnalisation des facteurs ESG

  1. Avez-vous connu des revers dans l’opérationnalisation des facteurs ESG? Le cas échéant, comment les avez-vous gérés?

Les panélistes ont remarqué que les revers sont inévitables lorsqu’il s’agit d’adopter un changement culturel axé sur un objectif et que le processus d’opérationnalisation des facteurs ESG ne diffère pas. Elles ont encouragé l’auditoire à considérer l’intégration des facteurs ESG comme un parcours qui nécessite à la fois de l’humilité et un examen approfondi des questions qui se posent.

A) Difficultés liées aux données

À titre d’exemple, les panélistes ont discuté des difficultés associées aux données dans ce domaine. Une panéliste a décrit les données comme étant la pierre angulaire de la prise de décision, ce qui peut devenir problématique lorsque les données liées aux facteurs ESG sont soit difficiles à collecter et à mesurer, soit difficiles à exploiter.

B) L’absence d’un cadre standard pour les rapports visant les facteurs ESG

La sélection d’une norme liée aux rapports visant les facteurs ESG constitue un autre défi puisque plusieurs cadres importants, mais volontaires, sont utilisés à l’heure actuelle. Les panélistes ont fait remarquer qu’il faut consacrer beaucoup de temps et d’énergie à identifier un cadre idéal pour l’entreprise avant de commencer à répondre aux critères. McCarthy Tétrault a passé en revue les derniers développements nationaux et internationaux en matière de durabilité et de divulgation d’informations liées au climat dans une série d’articles de blogue récents, que vous trouverez ici et ici.

L’éducation a été le troisième volet soulevé par le panel, qui a noté que les intervenants qui requièrent un perfectionnement en matière de facteurs ESG peuvent trouver certains contenus difficiles à aborder en raison de leur rigueur scientifique.

À la lumière de ces exemples, les panélistes ont encouragé les membres de l’auditoire à s’attendre à des revers inévitables et à se préparer en conséquence. Elles ont encouragé les membres de l’auditoire à se demander où ils devraient concentrer leurs efforts d’opérationnalisation et à réfléchir où il serait intéressant d’obtenir le soutien d’autres intervenants ou de ressources externes au cours du cheminement.

Réfléchir au « rendement » des investissements ESG de votre entreprise

  1. Connaissez-vous ou pouvez-vous recommander des repères financiers associés aux dépenses afin de garantir des initiatives rentables? Avez-vous envisagé des modèles coûts-avantages pour les dépenses liées aux facteurs ESG?

Bien que la transformation des politiques ESG en actions concrètes entraînera inévitablement des dépenses, les panélistes ont encouragé l’auditoire à réfléchir à la manière dont les efforts de leur entreprise pourraient être autosuffisantes et procurer de nombreux avantages. La transition vers les opérations sans papier a été citée en exemple. Les coûts initiaux de mise en œuvre de cette initiative seraient suivis au fil du temps non seulement par les avantages environnementaux découlant de la réduction de l’utilisation du papier, mais aussi par les économies des coûts associées. Cet exemple a permis de rappeler que l’objectif des facteurs ESG consiste à améliorer la durabilité des entreprises en créant une valeur à long terme.

En guise de conclusion, le panel a également remis en question le principe qui se cache derrière cette question. Les panélistes ont encouragé les membres de l’auditoire à ne pas percevoir leurs efforts en matière de facteurs ESG et de durabilité comme des investissements traditionnels de « retour sur investissement », mais plutôt comme des efforts qui auront également d’importants effets au niveau social qui sont difficiles à quantifier dans les équations risque-rendement.

Nous sommes là pour vous aider

McCarthy Tétrault dispose d’une équipe pluridisciplinaire spécialisée dans les enjeux ESG et le développement durable. Nos avocats chevronnés pourront vous fournir le soutien nécessaire et toute une gamme de conseils pour vous aider à intégrer la réflexion concernant les facteurs ESG dans votre ADN organisationnel. Grâce à notre solide connaissance des affaires, des secteurs industriels et des forces du marché, nous sommes les mieux placés pour vous fournir des conseils qui correspondent à vos besoins. Veuillez communiquer avec Robert RichardsonAwi Sinha, Selina Lee-AndersenKate McNeill-KellerWill Horne ou Gurvir Sangha pour en apprendre davantage. Ils se feront un plaisir de vous aider.

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